ReSolUtIo

En 2016, le Cuerto Casals s’est adressé à moi en me proposant de composer un court quatuor à cordes pour son cycle « Beethoven illuminated anew », à l’occasion de ses vingt ans d’existence. L’idée était de composer une pièce de dix minutes qui correspondrait d’un point de vue thématique ou stylistique à une soirée Beethoven, et qui pourrait, nous l’espérions, donner un nouvel éclairage à un aspect de l’œuvre du maître.Quel exercice fascinant, mais aussi difficile ! Est-il encore possible, après presque 200 ans, de découvrir quelque chose de nouveau, comme une bouteille à la mer cachée entre les pages de la musique de Beethoven ? J’ai décidé de commencer cette chasse au trésor sur mon terrain de jeu préféré : la zone grise entre la musique notée et improvisée, dans l’espoir qu’elle me montrerait une clé que je pourrais utiliser pour lire et comprendre la partition.Mes recherches ont fini par me conduire à la fin du premier millénaire, lorsqu’un moine bénédictin, Guido d’Arezzo, a utilisé les premières syllabes de l’hymne de Saint Jean-Baptiste afin de donner des noms aux notes. Un mot est « caché » dans chaque composition, ReSolUtIo, une relique d’un art entre-temps quasiment tombé dans l’oubli auquel ma fantaisie fait référence ça et là, à travers des dissolutions et des coagulations.Ce modèle numérique et mélodique présente une solution que j’ai utilisée pour réorganiser la toile de fond de Beethoven en une image nouvelle et vivante, afin de permettre aux interprètes et aux auditeurs d’explorer l’étincelle de l’improvisation qui, j’aime à le croire, s’est un jour enflammée pour nous offrir le Quatuor de Beethoven « Harpe », op. 74.